Comores : des migrants au service de leur pays

Développer l’économie : un enjeu majeur

, par CDTM 34

L’Union des Comores fait partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), 45% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Selon l’ enquête sur les ménages réalisée en 2014, près de 18% de la population vit en dessous du seuil international de pauvreté fixé à 1,9 dollar par habitant et par jour (exprimé en parité de pouvoir d’achat pour l’année 2011).
La pauvreté varie d’une île à l’autre et semble être plus forte dans les zones rurales et sur l’île de Mwali.
Le pays n’est pas autosuffisant au plan alimentaire. Une large part des produits consommés est importée et notamment 95 % du riz qui constitue la denrée de base de l’alimentation. La plupart des biens de consommation sont importés.

Assurer la sécurité alimentaire

L’origine volcanique des sols et le climat tropical humide rendent la terre généreuse mais elle est rare et fragile à cause du relief. La densité de population est telle que les nombreuses exploitations familiales sont de petite taille et l’accès à la terre est un enjeu crucial pour bien des familles.
Les cultures vivrières, avec la pêche artisanale et le petit élevage, représentent 80 % de la production agricole (banane, manioc, taro, pommes de terre…).
Les agriculteurs sont souvent freinés dans leur activité par le manque de semences et d’outils agricoles, les mauvaises installations de stockage, la déficience des infrastructures hydrauliques et le manque d’accès au crédit.
Des programmes sont développés pour lutter contre l’érosion des sols par surexploitation et moderniser l’agriculture, prenant en compte les savoirs paysans.

Marché volo-volo à Moroni
Photo : Zainab Ali

Les cultures d’exportation sont une source de revenu familial appréciable : le girofle, pour lequel il est le premier pays d’exportation en 2015, la vanille et le ylang-ylang, un arbre dont la fleur est très recherchée par les industriels du parfum (premier producteur mondial). Ces cultures sont souvent associées aux cultures vivrières autour des maisons et dans les plantations.
Des projets d’appui à ces activités agricoles se mettent en place pour qu’elles puissent assurer la sécurité alimentaire du pays, tout en préservant l’environnement très fragile. Ils sont souvent soutenus par les Comoriens de l’étranger.

La pêche : un enjeu considérable

La pêche est la seconde activité traditionnelle des Comores. Uniquement artisanale et destinée à la consommation intérieure, elle fait travailler 6% de la population active et représente aujourd’hui 10% du PIB (20% du PIB agricole). Selon les estimations, 140 000 personnes vivent de la pêche pour une production annuelle de 16 000 tonnes (Agence Nationale pour la Promotion des Investissements).
Le potentiel de développement du secteur de la pêche aux Comores va bien au delà du niveau actuel d’exploitation. Des accords de pêche ont été passés avec le Japon et l’Union européenne pour améliorer le fonctionnement de ce secteur, mais ces accords sont l’objet de contestations. En effet, ils sont dénoncés par des Comoriens et par les associations de préservation des ressources naturelles car ils encouragent une surexploitation des mers par les industriels de la pêche et constituent une menace pour la biodiversité et pour l’environnement.

En 2016, la Banque Mondiale a mis en place, en collaboration avec le gouvernement, un programme de soutien pour augmenter l’emploi et le revenu dans le secteur de la pêche. Le Projet de Cogestion des Ressources Côtière pour une Subsistance Durable (CoReCSuD) est un projet de développement de micro-projets. Depuis sa mise en place, 29 villages pratiquent la cogestion des ressources communes afin d’éviter la surexploitation. Le CoReCSuD forme également les pêcheurs comoriens sur l’exploitation durable des ressources halieutiques.

Le secteur de la pêche est très prometteur et peut être très rentable au niveau socio-économique, cependant, la communauté de pêcheurs est reléguée en bas de la hiérarchie sociale et marginalisée. Ce secteur a besoin du soutien de l’ Etat en matière d’investissements, pour la construction de bateaux de pêche, la construction d’infrastructures, la conservation et la commercialisation des produits de la mer et pour l’organisation d’un système de mutuelle et de retraite.

Améliorer la fourniture en énergie

Le pays est en urgence énergétique alors qu’il a un fort potentiel en énergies propres. Les Comores sont notamment dépendantes de leurs importations en hydrocarbures pour la fourniture en électricité.
Le taux d’accès à l’électricité est très faible : environ 50% de la population comorienne et les disparités sont très fortes entre les 3 îles. A cause, notamment, de l’irrégularité de l’approvisionnement en pétrole, les pannes d’électricité sont fréquentes entraînant de graves conséquences sur le stockage par le froid des denrées périssables.
Pourtant, la topographie des Comores lui confère des atouts très importants sur le plan énergétique. Les Comores pourraient exploiter d’importantes ressources hydrauliques, éoliennes, solaires, géothermiques (exploitation de la chaleur en sous-sol), ou encore biomasse (recyclage des déchets par combustion ou fermentation) et produire ainsi sa propre énergie.

Un grand projet est en cours pour augmenter la capacité de production du pays dans ce secteur, en faire bénéficier l’ensemble des populations de l’Union, améliorer la qualité de vie et augmenter les activités socio-économiques des populations [1].

L’émergence de nouveaux secteurs d’activité

L’économie du pays reste dominée par le secteur agricole. Cependant, de nouvelles activités se développent vers de nouveaux secteurs.
Le tourisme a de grandes potentialités : le patrimoine naturel et culturel des Comores est exceptionnel mais de nombreuses contraintes entravent le développement de cette activité : capacité hôtelière insuffisante, manque de routes et d’aéroports, absence de ligne aérienne directe entre les Comores et l’Europe (il faut passer par la Réunion ou Madagascar) … Récemment, des projets d’écotourisme, proches des populations et respectueux de l’environnement, se sont mis en place, soutenus financièrement par des Comoriens de France.

Depuis 10 ans, le secteur des télécommunications, s’est considérablement développé, avec la mise en place d’un réseau de téléphone fixe et mobile, ce qui est exceptionnel en Afrique. Aujourd’hui, les Comores sont dotées de deux réseaux de télécommunication grâce auxquels la population est couverte à 60 %.

En l’absence de prise en charge par l’Etat de la formation professionnelle, des initiatives dans ce domaine commencent à voir le jour, car les besoins sont immenses.

Notes

[1Ce projet d’appui au secteur de l’énergie, mis en place en 2014, concerne les 3 îles. Il vise à améliorer le fonctionnement du réseau de production et de distribution de l’électricité et à développer le potentiel du pays en énergies renouvelables (secteurs hydraulique, éolien, solaire…). Il est financé par la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Mondiale et un Fond de coopération Quatari.