Deux idées reçues sur les droits des femmes

, par FASTI , Agenda de la Solidarité Internationale

Retrouvez les idées reçues dans l’Agenda solidaire 2014 !

« La liberté et la dignité, oui, mais pour tous. Tant que les femmes ne l’auront pas atteint, la révolution n’est pas terminée. Maintenant, leur lutte fait partie de la révolution. C’est une force et une opportunité qu’elles ont su saisir », Nadia Leila Assaoui, féministe algérienne.

Marche mondiale des femmes lors du FSM à Dakar, 2011
Photo : Sophie Gergaud

« La mondialisation profite aux femmes »

Selon une opinion répandue, les femmes seraient les premières bénéficiaires de la mondialisation. Pourtant, cette assertion doit être prise avec précaution et analysée. En effet, l’une des premières conséquences de la mondialisation n’est pas l’enrichissement de tous tant vantée, mais bel et bien l’accroissement des inégalités à l’échelle planétaire. Ainsi, 1,4 milliard de personnes vivent avec moins de 30 euros par mois, selon les dernières estimations de la Banque mondiale. Et ce alors que les 1 % les plus riches de la planète posséderaient 45,75 % de la richesse mondiale estimée à 223 000 milliards de dollars en 2012...

Or, ces inégalités ne sont pas les mêmes pour les hommes et les femmes. Ainsi, dans les pays dits du Nord, les femmes représentent la majorité des travailleurs précaires et/ou pauvres et des chômeurs. En France, par exemple, 69,4% des travailleurs pauvres (Source : INSEE, Sophie Ponthieux, « Les travailleurs pauvres : exploration d’une approche alternative en termes de “pauvreté économique” », journées de l’AÉS, septembre 2009) sont des femmes. On observe un phénomène identique à l’échelle mondiale où l’on assiste à une féminisation accrue de la pauvreté.

Dans les pays du sud, cette féminisation de la pauvreté a des effets encore plus délétères sur la condition des femmes. En effet, les phénomènes cumulés de mondialisation capitaliste associée à un système de domination hétéro-patriarcal (système instaurant un rapport de domination entre les sexes, avec pour seul modèle l’hétérosexualité) imposent un cadre « favorable » à l’exploitation des femmes. Ce sont ces dernières qui sont en première ligne lorsque la libéralisation de secteurs entiers de l’économie imposée par les pays du Nord fait imploser les sociétés. Ce sont encore les femmes qui sont les premières touchées par les violences et la guerre : les femmes représentent aujourd’hui 80% des réfugiés dans le monde. Ce phénomène de féminisation des inégalités, de la pauvreté s’accélère et accroît encore les phénomènes de violence contre les femmes qui sont les victimes majoritaires du trafic de la traite des êtres humains pour alimenter le système prostitutionnel mondial et l’esclavagisme domestique. La mondialisation est peut-être inéluctable. Mais le libéralisme associé au système hétéro-patriarcal doit être combattu pour que toutes et tous puissent vivre dignement, au nord, comme au sud. A égalité.

« Le corps des femmes n’est pas exploité en France »

Maman ou putain. Putain ou Maman. Dans les journaux, sur les murs, sur les écrans français : des femmes. Pour fonctionner, le système capitaliste consumériste a besoin de vendre, de vendre à tout prix. C’est pourquoi, les publicitaires, miroirs grossissants d’une société profondément sexiste et inégalitaire usent et abusent de la représentation des femmes et de leur corps dans les publicités. De l’image de la mère au foyer dévouée à sa famille à celle de la femme-objet, ces représentations stéréotypées visibles par tous - les enfants comme les adultes, les hommes comme les femmes - véhiculent et perpétuent une conception inégalitaire des rapports sociaux de genre. Aujourd’hui, les publicitaires n’hésitent même plus à utiliser une imagerie à caractère pornographique pour déclencher chez les consommateurs une compulsion d’achat.

Cette sexualisation, cette instrumentalisation du corps des femmes s’enracine dans le système hétéro-patriarcal qui façonne les rapports sociaux en attribuant des rôles normatifs aux personnes en fonction de leur sexe. En essentialisant, en naturalisant, les inégalités et en les normalisant, les publicités renforcent encore l’idéologie hétéro-patriarcale. Ces messages publicitaires sexistes participent également à la banalisation des violences sexistes ou sexuelles. Enfin, l’usage du corps des femmes a de profondes conséquences sur la construction de l’image de soi et du rapport aux autres car il porte atteinte à la dignité des femmes, à leur autonomie et à leur liberté.

Que peut-on faire ?

- S’informer sur les sites de la Marche mondiale des femmes, du Monde selon les femmes, du Réseau pour l’autonomie des femmes immigrées et réfugiées
www.mmf-france.fr
www.mondefemmes.org
http://rajfire.free.fr

- S’informer sur les enjeux autour de l’égalité et agir pour briser le carcan des stéréotypes et discriminations à l’égard des femmes
http://feministalternativemagazine.com
www.causette.fr
www.clara-magazine.fr
www.collectifdroitsdesfemmes.org

- Adhérer à La Meute des Chiennes de garde qui combat les insultes sexistes publiques et les publicités sexistes. Sur le site : la marche à suivre pour signaler une publicité sexiste
www.lameute.fr

- Voir les 3 films de Télédebout « Contre la pub sexiste » qui présentent les actions du Collectif contre le publisexisme (rubrique : Caméra au poing/Médias)
www.teledebout.org