Deux idées reçues sur le climat

« Plus les citoyens adapteront leurs gestes routiniers à leur souci de leur environnement, plus ils seront susceptibles d’exiger des comptes de leurs dirigeants (…) C’est à cela que doit servir la bataille politique des usages des modes de vie : informer, expliquer, alerter, organiser, révolter. » Jade Lindgaard, journaliste française, Je crise climatique, 2014

Idée reçue n°1 : Le réchauffement climatique, ce n’est pas si grave

Depuis le XIXe siècle, le réchauffement climatique s’est considérablement accéléré. Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) affirme que la période 1983-2012 a été la plus chaude depuis 1400 ans et que, sur la période 1901-2010, le niveau de la mer a augmenté de 19 centimètres, à cause de la fonte des glaciers terrestres. Ce réchauffement climatique est essentiellement lié aux activités humaines : les gaz à effet de serre que nous produisons pour la combustion des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) servant à nos transports, notre électricité, à l’industrie ou l’habitat, les gaz à effet de serre générés par l’agriculture (utilisation d’engrais et de chimie...) et ceux qui sont naturellement produits, comme par exemple ceux de la dégradation des matières organiques, sont les principaux facteurs du réchauffement. Ce sont à la fois nos modes de vie énergivores, les comportements des entreprises et des industriels, guidés par la logique de profits, conjugués à l’inertie d’action de nombreux États, qui portent la responsabilité de cette situation.

Marche pour le climat, New-York, septembre 2014. Photo Neah Monteiro cc by-nc 2.0

Au rythme actuel d’émissions de gaz à effet de serre, la température moyenne globale pourrait augmenter de 4,8°C entre la fin du XXe et la fin du XXIe siècle, un chiffre qui fait voler en éclat celui du seuil critique de + 2°C, à ne pas dépasser pour contenir le réchauffement climatique.

En quoi est-ce grave docteur ? Ce réchauffement climatique va affecter notre géographie, notre biodiversité, nos ressources, nos cultures et au final, nos conditions de vie. On observera une baisse des précipitations dans les zones arides, une déforestation accrue par les incendies des forêts, une baisse des ressources en eau, une dégradation des écosystèmes et de la qualité de l’air. Les sécheresses et le manque d’eau affecteront également la biodiversité et les productions agricoles. De multiples espèces disparaîtront suite à la modification de leurs habitats ou parce qu’elles ne supporteront pas des conditions climatiques et un niveau de pollution extrêmes. Certaines plantes ne pourront plus pousser et les carences en eau feront baisser les rendements. Ce qui risque de renforcer l’insécurité alimentaire dans certaines régions du monde.

D’autre part, la montée du niveau des eaux est déjà responsable de déplacements de population. Ces migrations climatiques vont s’accélérer avec la hausse des températures et créer un stress démographique sur certains territoires. La conséquence immédiate pourrait être une augmentation des violences et des conflits dans le monde, notamment pour l’accès aux ressources.

Enfin, les changements climatiques auront des impacts sur notre santé : l’Organisation mondiale de la santé prévoit près de 250 000 décès supplémentaires par an dans le monde, entre 2030 et 2050, dus à la malnutrition, au paludisme ou à la diarrhée.

Idée reçue n°2 : La prise de conscience individuelle ne peut rien face à des défis qui nous dépassent

Pour limiter les impacts du réchauffement climatique et garder notre planète habitable, il y a urgence à agir. Limiter le réchauffement à 2°C reste encore possible mais il nécessite de multiplier les efforts de façon urgente. Les États doivent se fixer des objectifs réels de maîtrise de leurs émissions, tenir ces objectifs et investir dans les énergies renouvelables ; les collectivités territoriales seront également des acteurs clés pour cheminer vers la transition énergétique en développant des transports propres et des bâtiments à haute qualité environnementale.

Bien loin d’être négligeables, la prise de conscience et l’action individuelles peuvent aussi faire beaucoup : ne conserver que nos usages indispensables d’énergies, avoir recours à des énergies propres, en pratiquant le covoiturage, les transports en commun ou doux (marche, vélo, rollers, trottinette...), adopter une alimentation locale, de saison et biologique, réduire nos déchets... chaque geste compte et permet d’apporter sa pierre à la construction de sociétés justes et soutenables.
Le pouvoir des citoyens face aux acteurs privés n’est pas non plus négligeable : il est possible d’empêcher des projets polluants venant d’entreprises climaticides, par le biais de campagnes par exemple. D’ailleurs, les sociétés civiles sont de plus en plus nombreuses à se mobiliser pour rendre les entreprises responsables de leurs activités.

Bien entendu, l’engagement constant des citoyens doit être accompagné d’alliances à plus grande échelle pour travailler main dans la main avec les institutions internationales, les pouvoirs publics et les acteurs locaux afin d’étendre les alternatives soutenables et les nouveaux systèmes de production et de consommation.

Que peut-on faire ?

  • Se renseigner sur le changement climatique et sur les bonnes pratiques individuelles et collectives pour agir, avec le Kit pédagogique du Réseau Action Climat :
    http://www.rac-f.org/Kit-pedagogique
  • Aller voir ses collectivités locales, seul ou en collectif, pour s’informer sur les actions climat-énergie qu’elles mettent en place ou rejoindre un collectif citoyen local sur les questions de développement durable
  • Participer à un village Alternatiba, pour voir les initiatives à mettre en place et à reproduire
    https://alternatiba.eu