Deux idées reçues sur la jeunesse

, par Agenda de la Solidarité Internationale

« Aux jeunes, ne traçons pas un seul chemin ; ouvrons-leur toutes les routes. »
Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des loisirs sous le Front populaire (1900-1940).

Idée 1 : « S’engager ça prend trop de temps, les jeunes doivent d’abord s’occuper de leur avenir »

Construction d’une aire de jeux pour enfants, chantier de solidarité, Antsirabe, Madagascar. © Maurine Tric / France Volontaires

Les récents résultats d’enquêtes semblent montrer que l’abstentionnisme des jeunes est en hausse, certains sondages [1] et études statistiques [2] montrent un affaiblissement de l’engagement politique des jeunes. Un phénomène plus complexe qu’il n’y paraît...
En effet, pourquoi considérer que l’engagement politique ne s’exprime que par le vote ? Dans le cadre du Rapport de l’observatoire de la jeunesse solidaire de 2014 sur l’engagement des jeunes, on peut constater que 55% des jeunes interrogés déclarent que la politique est importante dans leur vie et que plus de 8 jeunes sur 10 suivent son actualité. Alors pourquoi observe t-on une participation électorale si faible ?
Il se trouve que le vote n’est pas/plus le seul moyen d’action politique et d’affirmation d’opinions politiques pour les jeunes. En effet, les formes d’engagement privilégiées par les jeunes se trouvent dans des formes d’engagement politique alternatives, plus concrètes et immédiates. Actuellement, 6 jeunes sur 10 apportent une aide concrète (ou un don) à une personne ou à une association et 1 bénévole sur 4 a moins de 35 ans [3].
Favoriser l’engagement des jeunes aujourd’hui signifie encourager et investir des nouveaux territoires d’actions à l’échelle locale et dans une logique de proximité (service civique, investissement dans des associations, rôle de citoyen informateur et informé, mouvement sociaux).

Une démarche éducative comme l’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité (ECS) vise à accompagner chacun dans ses questionnements et son engagement citoyen et solidaire, en lui permettant d’identifier ses leviers d’actions, individuellement et collectivement, à son échelle et avec ses moyens. Elle s’appuie sur des méthodes actives et participatives accessibles à tous.

La mise en œuvre de l’ECS par les jeunes et vers les jeunes favorise l’échange entre les pairs et la transmission horizontale du savoir. En position d’apprenant, nul n’est seul dépositaire du savoir mais au contraire chacun peut partager son vécu, son expérience, ses connaissances et se décentrer de sa réalité pour mieux percevoir celles des autres et être en mesure de questionner ses représentations.

Idée 2 : « Le Service Civique, ce n’est possible qu’en France et que pour des Français(es) »

La réciprocité des engagements citoyens des jeunes à l’international est une nécessité pour nourrir des relations plus équilibrées entre les pays, entre les cultures, entre les femmes et les hommes. L’agir ensemble, dans la mixité culturelle, sociale et professionnelle, basé sur un enrichissement mutuel par le partage des différences favorise l’ouverture d’esprit, le respect de l’autre, l’altérité et la créativité, utiles à l’évolution des sociétés et à la paix entre les peuples.

Fortement développé en France, l’engagement de service civique existe aussi pour des projets de solidarité à l’international. Il est ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans de nationalité européenne ou de la nationalité des pays accueillant des volontaires français.
Le jeune peut s’investir dans l’un des 9 domaines : culture et loisirs, éducation pour tous, environnement, intervention d’urgence en cas de crise, mémoire et citoyenneté, santé, solidarité, sport et développement international et action humanitaire. Par exemple, le projet expérimental européen IVO4ALL, que la France coordonne, envoie des jeunes en mission de service civique dans cinq pays européens, ou encore le projet « Ambassadeurs de l’engagement citoyen » porté par France Volontaires et l’Union Nationale des Missions Locales portent une quarantaine de missions de service civique de plusieurs mois, dans une vingtaine de pays.

Il est également possible d’accueillir un jeune d’une autre nationalité pour qu’il réalise son engagement de service civique en France. La loi sur le service civique permet à tous les pays qui accueillent des volontaires français d’envoyer en France des jeunes pour réaliser leur mission en France dans un principe de réciprocité des échanges.

Le service civique à l’international :
En 2015, 691 volontaires Français ont réalisé leur mission dans 78 pays dont un tiers en Europe. Ils sont partis majoritairement en Allemagne, au Canada, au Maroc, en Tunisie et au Pérou.
Le service civique ouvert aux autres nationalités :
En 2015, sur les 38 139 engagés de Service Civique, 1 550 étaient de nationalité étrangère.
Entre 2010 et 2015, 135 nationalités étaient représentées, dont notamment des Allemands, Marocains, Algériens, Roumains, Espagnols, Italiens, Sénégalais, Portugais, Camerounais et Belges.

Que peut-on faire ?

 S’engager dans une mission de service civique à l’international ou en parler autour de soi
www.service-civique.gouv.fr/page/missions-a-l-international
www.ivo4all.eu
www.france-volontaires.org/-L-engagement-de-Service-Civique-a-l-International-.html

 S’informer pour trouver son mode d’engagement
www.ritimo.org
www.francebenevolat.org
www.jeunessesolidaire.fr

 S’informer sur les démarches éducatives comme l’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale
www.educasol.org
http://www.starting-block.org/reseau/reseau-sens

Notes

[1Sondage Ifop/Anacej pour les régionales : vers la fin d’un « vote jeune » ?

[2Étude INSEE : L’inscription et la participation électorale en 2012 www.insee.fr

[3Sources : Rapport de l’observatoire de la Jeunesse solidaire 2014 et France Bénévolat.