Deux idées reçues sur l’alimentation

, par Agenda de la Solidarité Internationale

« Dans l’économie naturelle, la devise n’est pas l’argent, c’est la vie. »
Vandana Shiva, Earth democraty : Justice, sustainability and peace.

Idée 1 : « Il vaut mieux consommer local plutôt que des produits qui viennent de loin, même issus du commerce équitable »

« Consommer local » c’est faire le choix de consommer des aliments produits près de chez soi afin de participer à la réduction de l’impact carbone lié aux kilomètres parcourus par les marchandises à différentes étapes de leur transformation et commercialisation. Mais local ne veut pas dire « responsable », c’est-à-dire produit dans le respect de l’environnement, dans de bonnes conditions de travail et sanitaires, avec une juste rémunération pour le producteur... Les circuits-courts, en réduisant le nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur, offrent souvent une meilleure traçabilité de la filière, voire permettent de rencontrer le producteur, donc de mieux s’informer.

Le commerce équitable, quant à lui, intègre les dimensions économiques (juste prix pour le producteur), sociales et environnementales (71% sont certifiés bios). Promu par des acteurs 100% équitables (qui garantissent l’équité sur toute la filière) il soutient une agriculture familiale, paysanne et agro-écologique. Une filière agricole Nord-Sud peut même avoir potentiellement moins d’impact qu’une filière conventionnelle parce que les modes de production sont plus sobres1
Le commerce local et le commerce équitable, qui concerne aujourd’hui essentiellement des produits alimentaires tropicaux qui ne sont pas cultivés en France, ne s’opposent pas : ce sont des démarches complémentaires. D’ailleurs, depuis juillet 2014, la modification de la loi définissant le commerce équitable permet l’utilisation du terme pour des produits issus de filières agricoles françaises. Une charte du commerce équitable local propose un cadre de référence décliné en 14 principes fondamentaux du commerce équitable, appliqués aux agricultures citoyennes et durables en France.
Le consommateur dispose aujourd’hui d’une offre large pour consommer responsable : AMAP, magasins de producteurs, marchés, produits équitables… Ces producteurs pratiquent une agriculture plus écologique, diversifiée, de saison, à taille humaine, qui permet une juste rémunération des acteurs de la filière, veille à préserver de l’environnement et à recréer du lien social dans les échanges.

Idée 2 : « En tant que citoyen, je n’ai aucun moyen de pression sur les grandes entreprises de l’agroalimentaire pour améliorer leurs pratiques ».

En tant que consomm’acteur, nous pouvons faire des choix éclairés pour nos achats : en effet, il existe aujourd’hui une grande quantité d’informations sur les origines, les modes de production, les pratiques des entreprises qui fournissent nos aliments quotidiens.
Bien sûr, à titre individuel, il est difficile d’envisager de faire pression sur les multinationales mais, à titre collectif, il existe plusieurs outils simples et efficaces.

Chacun de nous peut avoir recours au « boycott » des entreprises qui ne respectent pas les droits humains ou l’environnement en refusant de consommer les produits ou services de ces entreprises tout en privilégiant, pour les soutenir, les filières agro-écologiques, biologiques, équitables et/ou locales qui nous garantissent des produits plus respectueux des hommes et de la planète.
Nous pouvons aussi agir contre les pratiques de certaines entreprises multinationales en relayant des des pétitions ou des campagnes d’interpellation ou de dénonciation. La mauvaise publicité et la pression de milliers d’acheteurs peuvent conduire les entreprises, soucieuses de leur image, à reconsidérer et à modifier leurs pratiques.

Enfin, il est important de soutenir les actions de plaidoyer, portées par les ONG et la société civile auprès des instances politiques nationales ou européennes, visant à encadrer, réguler et contrôler les pratiques des multinationales. Ce type d’action a pour objectif, sur le long terme, de faire évoluer les cadres réglementaires et de faire progresser la situation à l’échelle globale.

Bien sûr, le changement demande du temps… mais l’action citoyenne si elle est organisée collectivement peut être efficace. C’est ainsi que la mobilisation pour promouvoir la responsabilité sociale et environnementale des entreprises commence à porter ses fruits auprès des grandes entreprises du monde de l’industrie, des services et de la finance. Dans un autre domaine, la progression des marchés biologiques et équitables est extrêmement encourageante et montre qu’ensemble nous pouvons agir : en tant que consommateurs et citoyens, nous avons des outils efficaces et du pouvoir pour faire pression sur les multinationales et modifier les règles du commerce internationale… Saisissons-les !

Que peut-on faire ?

 Soutenir les filières de commerce équitables
www.artisansdumonde.org/acheter/nos-points-de-vente
www.commercequitable.org/lapfceetsesmembres/nos-membres.html

 Acheter bio, local, responsable par le biais des AMAP ou des Jardins de Cocagne
www.reseau-amap.org
www.reseaucocagne.asso.fr

 Soutenir les campagnes de mobilisation citoyennes et de plaidoyer
www.ethique-sur-etiquette.org
http://makefruitfair.org/fr
www.artisansdumonde.org/agir-pour-le-commerce-equitable/campagnes-de-mobilisation