Tchad : un peuple éprouvé qui cherche à s’émanciper

Chronologie sur le Tchad

, par CIIP

Des royaumes africains au statut de colonie française

Les frontières très linéaires du Tchad contemporain, en particulier au Nord, sont le résultat de la colonisation. Auparavant, trois grands royaumes sahéliens ont coexisté sur ce qui n’était pas encore le Tchad actuel. Ils entretenaient des rapports de rivalité ou d’alliance, vivant du commerce et de la traite d’esclaves noirs à destination du Moyen-Orient. La force de ces royaumes s’est construite pendant leur islamisation progressive à partir du VIIIe siècle et de l’instauration d’une économie de traite.

IXe siècle : Fondation du Kanem.

XIVe siècle : Fondation du Bornou (deviendra le Kanem-Bornou). Fondation du Ouaddaï.

XVIe siècle : Fondation du Baguirmi.

1871-1900 : La France lance des expéditions militaires dans cette région.

Mai 1900 : Fondation de Fort-Lamy, aujourd’hui N’Djaména ; le Tchad devient un protectorat français et reste sous administration militaire jusqu’en 1920 où il devient une colonie de l’Afrique équatoriale française (AEF).

Juillet 1940 : Le Tchad est la première colonie à se rallier à la France libre.

1958 : Comme les autres colonies subsahariennes à l’exception de la Guinée, le Tchad vote oui à la Constitution de la Ve République française.

De l’indépendance à la dictature d’Hissène Habré

11 Août 1960 : Le Tchad accède à l’indépendance sous la présidence de François Tombalbaye, dirigeant du Parti progressiste tchadien (PPT).

1962
Janvier : Instauration d’un parti unique, dissolution de tous les partis politiques.
Avril : Adoption de la nouvelle Constitution.

1966 : Juin : Création du Front de libération nationale du Tchad (Frolinat) qui lutte contre le régime du Sud accusé de discriminer les populations de l’Est, du Centre et du Nord.

1968 : Août : Intervention de l’armée française pour contrer la révolte des populations dans le nord du pays (Tibesti).

1969 : Juin : Réélection de François Tombalbaye.

1974 : Avril : Enlèvement de trois Européens dont l’ethno-anthropologue Françoise Claustre par les rebelles du Frolinat d’Hissène Habré et de Goukouni Oueddei ; les otages ne sont libérés qu’en 1977 grâce à l’aide de la Libye.

1975 : Avril : Assassinat du président Tombalbaye et mise en place d’un Conseil supérieur militaire dirigé par le général sudiste Félix Malloum.

1976 : Accord de coopération militaire technique entre la France et le Tchad.

1977 : Offensive du Frolinat contre le gouvernement avec l’appui de la Libye ; nouvelle intervention française pour sauver la capitale.

1978 : Février : intervention française (opération Tacaut).
Août : Hissène Habré négocie séparément avec le général Malloum ; instauration d’un gouvernement bipartite avec la nomination d’Hissène Habré comme Premier ministre.

1979 : Février : Rupture de l’accord entre les deux hommes ; de violents affrontements à N’Djamena entre les troupes du président Félix Malloum et les soldats d’Hissène Habré signent le début de la guerre civile des Neuf-mois.
Mars : Conférence de réconciliation nationale à Kano (Nigeria) (suivie d’une seconde en avril) ; prise du pouvoir par Goukouni Oueddei.

1980 : Mars-avril : Seconde bataille de N’Djamena, soldée par la victoire de Goukouni Oueddei sur Hissène Habré avec l’aide des troupes libyennes.

1981 : Retrait des troupes libyennes après l’échec de la tentative de fusion entre le Tchad et la Libye et sous la pression de la France.

1982 : Juin : Coup d’État d’Hissène Habré qui renverse Goukouni Oueddei et se proclame chef de l’État tchadien ; Habré crée une police politique et ordonne des massacres dans le sud-est du pays lors de répressions de révoltes.

1983 : Août : Intervention de l’armée française pour repousser une invasion libyenne (Opération Manta).

1986 : Février : Opération Épervier : dispositif militaire français de défense du gouvernement à N’Djamena contre les forces armées libyennes qui soutiennent le Frolinat de Goukouni Oueddei.

Idriss Déby s’installe au pouvoir

1990 : Décembre : Coup d’État contre Hissène Habré ; arrivée au pouvoir d’Idriss Déby, chef du Mouvement patriotique du salut (MPS) qui devient président de la République en mars 1991.

1993 : Conférence nationale de la réconciliation ; nomination d’un Premier ministre sudiste.

1996 : Juillet : Élection d’Idriss Déby pour un premier mandat.

Janvier 2000 : Plainte contre Hissène Habré pour crimes contre l’humanité. Celui-ci est arrêté en 2005 au Sénégal, puis relâché après quelques jours de garde à vue.

2001 : Réélection d’Idriss Déby au premier tour.
Découverte du crâne humanoïde de Toumaï, vieux de 7 millions d’années, le Tchad est sans doute un des berceaux de l’humanité.

2003 : Début du conflit du Darfour, région de l’ouest du Soudan et frontalière du Tchad.
Octobre : Démarrage de l’exploitation pétrolière dans le sud du pays (Doba).

2004 : Mai : Modification de la Constitution et levée de la limitation du nombre de mandats présidentiels pour permettre un troisième mandat à Idriss Déby.
31 juillet-11 septembre : intervention militaire de la France (opération Dorca).

2006 : Janvier : Première sanction de la Banque mondiale sur l’utilisation des revenus du pétrole.
Avril : Brefs combats armés entre rebelles et troupes gouvernementales dans la périphérie de N’Djamena. Situation tendue entre le Tchad et le Soudan qui s’accusent de soutenir leurs mouvements de rébellion respectifs.
Mai : Réélection d’Idriss Déby pour un troisième mandat.

2007 : Décembre : Arrestation et condamnation des membres de l’Arche de Zoé pour avoir tenté de soustraire des enfants tchadiens du territoire sans autorisation en les faisant passer pour orphelins du Darfour.

2008 : Février : Prise de N’Djamena par les rebelles partis de la frontière soudanaise et finalement repoussés par l’armée gouvernementale grâce au soutien logistique de la base militaire française. Arrestation d’opposants dont Ngarleji Yorongar, Lol Mahamat Choua et Mahamat Saleh Ibni Oumar. Ce dernier est toujours porté disparu.

2009 : Mai : Signature d’un accord de paix à Doha entre le Tchad et le Soudan.

2010 : Février : Rencontres entre les présidents tchadien et soudanais, normalisation des relations.

2011 : Février : Élections législatives.
Avril : Réélection d’Idriss Déby pour un quatrième mandat.

2012 : Janvier : Premières élections locales (auparavant les maires étaient nommés par le pouvoir).

2013 : Janvier : Les forces armées tchadiennes d’intervention au Mali (FATIM) entrent au Mali le 24 janvier en appui de l’armée française pour combattre les mouvements extrémistes au Nord Mali (opération Serval).
Février : 1 800 soldats tchadiens sont déployés dans la localité de Kidal au Mali.
Avril : l’Assemblée nationale tchadienne adopte une résolution demandant le retrait des troupes tchadiennes du Mali.
Mai : Arrestation de journalistes, de politiques et de militaires sous prétexte d’un coup d’État planifié.
30 juin : Arrestation d’Hissène Habré au Sénégal pour être jugé dans le cadre du tribunal spécial, première juridiction africaine mise en place pour juger un Africain.

2014 : Août : Lancement dans 5 pays du Sahel (Tchad, Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie) de l’opération Barkhane dont le quartier général est basé au Tchad ainsi qu’une partie de ses 200 blindés, 6 avions de chasse et 3 000 militaires français stationnés en permanence.
Le Tchad est élu membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies de par son rôle de "puissance pacificatrice" (jusqu’en 2016).

2015 : 30 juillet : Le Parlement tchadien adopte une loi antiterroriste qui rétablit la peine de mort, abolie quelques mois plus tôt.

2016 : 10 avril : Réélection contestée de Idriss Déby au premier tour de la présidentielle (pour un cinquième mandat d’affilée).
Février-mai : Sous l’égide de l’Union africaine, procès à Dakar de l’ancien dirigeant du Tchad, Hissène Habré, qui est condamné à la prison à perpétuité par les chambres africaines extraordinaires, au terme d’un procès obtenu grâce au combat des victimes pour la justice.
Juillet : Naissance d’un mouvement rebelle contre la dictature de Déby, le Conseil de Commandement Militaire pour le Salut de la République (CCMSR).
Novembre : Création du collectif "Ça doit changer" (CDC) issu de différentes organisations de la société civile ; disparition d’une cinquantaine de soldats, opposants au président Déby.

2017 : 5 janvier : Création du "Mouvement pour l’éveil citoyen" (Méci), plate-forme rassemblant les principaux partis d’opposition et les organisations de la société civile. Il est interdit quelques jours plus tard.
Septembre : Un rapport d’Amnesty International dénonce une vague de répression sous le mandat d’Idriss Déby (arrestations arbitraires, tortures).

2018 : Janvier : Face à la politique économique d’austérité sans précédent (coupes salariales importantes pour les fonctionnaires, augmentation de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, augmentation du prix de l’essence et du gazole), un mouvement social initié par la fonction publique débute fin janvier, en particulier dans les secteurs de l’éducation et de la santé, bientôt rejoint par le secteur privé.
Février : Le Tchad devient le premier État africain à adhérer à la Convention sur l’eau (Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux). L’opposition déplore "plus de 600 arrestations" lors de marches pacifiques.
Mars : L’État coupe l’accès à Internet et censure les réseaux sociaux.
Avril : Adoption d’une nouvelle Constitution instaurant la 4e République du Tchad et un régime présidentiel intégral ("monarchie présidentielle"), autorisant Idriss Déby à rester au pouvoir jusqu’en 2033.
Mai : Recrudescence des violences perpétrées par Boko Haram du côté tchadien du lac Tchad.
Août : Combats de l’armée tchadienne contre le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), et ses soutiens, dans le nord du pays.

2019 : Février : L’armée française bombarde une colonne de rebelles tchadiens qui avaient quitté leur base arrière en Libye et s’enfonçaient en territoire tchadien.
Juillet : levée des restrictions sur les réseaux sociaux.
Août : Instauration de l’état d’urgence dans trois provinces du Tchad : le Tibesti, le Sila et le Ouaddaï, zones touchées par des conflits communautaires meurtriers entre éleveurs et agriculteurs ; fermeture des frontières avec le Soudan, la Libye et la Centrafrique.

2020 : avril : Abolition de la peine de mort.

2021 : Avril : réélection d’Idriss Déby pour un sixième mandat, il meurt quelques heures après à la suite d’affrontements dans le nord du pays entre l’armée tchadienne et les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT).
Dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement et création d’un conseil militaire de transition composé d’officiers militaires et dirigé par le fils d’Idriss Déby, le général Mahamat Idriss Déby.

2022 :
Octobre : Investiture à la présidence du général Mahamat Idriss Déby pour une durée de vingt-quatre mois avec ledroit de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
20 octobre : Manifestations contre la décision de l’actuel gouvernement de prolonger la période de transition, s’ensuit une violente répression, tirs à balles réelles sur les manifestants, emprisonnements arbitraires et mauvais traitements en prison. Il y a entre 50 et 200 morts selon les sources.

2023 : 17 décembre : référendum constitutionnel.