L’Albanie face à son passé

Chronologie sur l’Albanie

, par Forum Réfugiés

En italique, les faits qui concernent plus particulièrement le Kosovo.

Antiquité et Moyen Âge

IIe siècle : le territoire de l’Albanie actuelle est occupé par le Royaume d’Illyrie.

XIe siècle : des chroniqueurs byzantins évoquent pour la première fois les Albanoï ou Arbanites.

L’occupation ottomane : fin du XVe siècle à 1915

1479 : invasion et occupation par l’Empire ottoman. La langue albanaise est peu à peu interdite. Deux tiers des Albanais se convertissent à l’islam. Le territoire de l’Albanie est divisé en 4 régions administratives : la région de Kosovo, celle de Shkodër, celle de Bitola (ou Monastir) et celle de Ioannina.

Fin du XIXe siècle : la Serbie revendique des territoires où vivent de nombreux Albanais·es, tandis que l’Empire ottoman s’affaiblit et que la Russie gagne en influence dans la région. En réaction se crée la Ligue albanaise (Ligue de Prizren), revendiquant l’établissement d’un véritable territoire albanais, réduite au silence par l’armée ottomane en 1881.

1912 : première guerre balkanique. Une insurrection albanaise au Kosovo revendique l’autonomie au sein de l’Empire ottoman. Le 28 novembre, l’indépendance albanaise est déclarée à Vlöre. L’année suivante, la Conférence de Londres reconnaît cette indépendance, mais partage le Kosovo entre la Serbie et le Monténégro.

1915 : dans le contexte de la Première Guerre mondiale, les armées autrichiennes attaquent la Serbie. Le Kosovo est ainsi occupé par les Bulgares jusqu’en 1918.

L’entre-deux-guerres

1918 : création du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes incluant le Kosovo, renommé en 1929 Royaume de Yougoslavie. Les Albanais du Kosovo mènent une guérilla de 1918 à 1926.

1926 : accord international sur les frontières de l’Albanie.

1928 : Ahmed Zogu devient roi d’Albanie sous le nom de Zog Ier.

1939 : l’Italie envahit l’Albanie.

1941 : l’Albanie est occupée par les Italiens et les Allemands. Le Kosovo et l’Albanie sont sous contrôle italien, excepté le Nord, rattaché à la Serbie sous contrôle allemand, tandis que l’Est est rattaché à la Bulgarie. Enver Hoxha crée en Albanie le Parti communiste d’Albanie, rebaptisé plus tard le Parti du Travail d’Albanie, et s’engage activement dans la résistance contre l’occupation italienne et allemande.

L’Albanie communiste : 1946-1992

1946 : 11 janvier : création de la République populaire d’Albanie, dirigée par Enver Hoxha. D’abord proche de Staline et des autres régimes communistes, l’Albanie d’Enver Hoxha s’isole du reste du monde au cours des années, rompant ses relations diplomatiques avec la Yougoslavie de Tito en 1948, l’URSS en 1961 et la Chine en 1977.
La fin de la guerre permet à la Yougoslavie de se doter de sa première Constitution. Le Kosovo y est rattaché à la Serbie, mais doté d’un statut de « province autonome » (oblast autonome).

1976 : 28 décembre : la République populaire d’Albanie devient la République populaire socialiste d’Albanie.

1985 : décès d’Enver Hoxha.

1989 : Mars : la suppression du statut autonome du Kosovo au sein de la Yougoslavie provoque des émeutes et une condamnation des chefs politiques albanais.

1991 : 30 avril : la République populaire socialiste d’Albanie devient la République d’Albanie.

1992 : les élections présidentielles entérinent la chute du communisme avec l’élection de Sali Bersiha. La même année, les Albanais du Kosovo organisent également leurs élections au sein de leur « République » et boycottent les élections fédérales organisées dans toute la Yougoslavie.

Depuis 1992 : une vie politique chaotique et un rapprochement euro-atlantiste

1997 : l’effondrement de plusieurs banques d’épargne basée sur le système des pyramides financières (ou chaîne de Ponzi), crée émeutes et pillages. Une partie du pays est complètement hors du contrôle des forces de sécurité. Le pillage de nombreux dépôts d’armes permet d’alimenter les groupes criminels qui en font commerce vers le Kosovo voisin, alors sous embargo militaire et sous contrôle serbe, et où l’Armée de libération du Kosovo (UCK) gagne en influence.

1998-1999 : des combats avec la police yougoslave s’étendent à tout le Kosovo. Rapidement, les civils non-albanais sont pris pour cibles et les violences inter-ethniques se multiplient. L’OTAN envoie des troupes (KFOR, Kosovo Force), ainsi que le Conseil de sécurité de l’ONU (MINUK, Mission des Nations Unies pour le Kosovo).

2006 : l’Albanie devient membre associé de l’Union européenne en signant un accord de stabilité et d’association.

2008 : 17 février : après plusieurs années de statut indéterminé, le Kosovo proclame son indépendance. Malgré les protestations de la Serbie, plusieurs puissances occidentales reconnaissent cette indépendance, dont la France et les États-Unis. L’autorité de ce nouvel État n’est que partiellement effective sur la partie Nord du pays, majoritairement peuplée de Serbes.

2009 : Avril : l’Albanie devient membre de l’OTAN.

2013 : 23 juin : l’Alliance pour une Albanie européenne, conduite par le Parti socialiste d’Albanie (PSA) de l’ancien maire de Tirana Edi Rama, remporte les élections législatives.

2014
Juin : le pays obtient officiellement le statut de candidat à l’entrée dans l’Union européenne. À ce titre, le gouvernement met en place des dispositifs législatifs et des plans d’action pour répondre aux recommandations de différents organes européens, notamment en matière de lutte contre la corruption, contre les discriminations envers les minorités ethniques et pour aligner les systèmes juridique, politique et administratif sur les normes européennes.
Novembre : malgré un incident lors d’un match de football opposant la Serbie à l’Albanie, Edi Rama, Premier ministre albanais, effectue une visite historique en Serbie, première visite de ce type depuis 1946.

2017
28 avril : le Parlement élit à la présidence de la République l’ancien Premier ministre Ilir Meta, candidat du Mouvement socialiste pour l’intégration, parti membre de la coalition au pouvoir.
25 juin : avec 48,3 % des suffrages et 74 sièges sur 140, le Parti socialiste du Premier ministre Edi Rama remporte les élections législatives et s’octroie la majorité absolue.

2021
13 janvier : le « maxi-procès » de la Ndrangheta qui s’ouvre révèle comment les tentacules de la mafia calabraise s’étendent jusqu’en Albanie. Les affaires de blanchiment d’argent et spéculation immobilière passent très près du Premier ministre Edi Rama et du maire de Tirana, Erion Veliaj.
25 avril : lors des élections législatives, le Parti socialiste d’Albanie (PSSH) remporte la majorité absolue des sièges à l’Assemblée avec 48,68 % des voix.

2022
Février - Mars : manifestations massives contre l’augmentation des prix de l’essence et des denrées de base, conséquences notamment de la guerre en Ukraine. L’opposition accuse également M. Rama de corruption, d’avoir plongé l’Albanie dans la pauvreté et causé une émigration massive d’Albanais.
4 juin : Bajram Begaj (PSSH, chef des Forces armées albanaises) élu à la présidence de la république.
19 juillet : le Premier ministre Edi Rama ouvre officiellement des négociations en vue de l’adhésion de l’Albanie à l’Union européenne lors d’une cérémonie à Bruxelles à laquelle aucun représentant des partis d’opposition n’était présent.
24 juillet : Bajram Begaj, prête serment.

2023
14 mai : élections municipales. Un expatrié grec candidat à la mairie d’Himarë, au sud du pays, où vit une minorité grecque, est arrêté. Il est accusé par la police de corruption dans le cadre des élections. Cette arrestation a déclenché une querelle entre Athènes et Tirana. Le Premier ministre grec menace de bloquer l’adhésion de l’Albanie à l’UE.