Chili : la société civile contre le néolibéralisme et le conservatisme

Chronologie historique du Chili

, par Bioforce

A l’origine, le territoire chilien était peuplé en ses diverses régions par bien des peuples amérindiens : Aymaras, Changos, Chinchorros, Atacamas et Diaguitas au nord du Chili actuel, Picunches, Mapuche, Huilliches et Chonos dans la région centrale et sud, Onas, Yaganes et Alacalufes en Patagonie et Terre de Feu et les Rapa Nui ethnie polynésienne présente sur l’île de Pâques. Les Mapuche, au sud de l’Aconcagua, ont formé la communauté la plus nombreuse et continuent à revendiquer de nos jours une culture et des traditions propres dans le Chili moderne.
Voir l’article "Les Mapuche, ces gens de la terre…" https://www.ritimo.org/Les-Mapuches-ces-gens-de-la-terre

XVe siècle : les Incas prennent possession du territoire de l’actuel Chili jusqu’au fleuve Maule.

1520 : arrivée des premiers explorateurs européens.

1535 - 1540 : début de la colonisation hispanique.

1554 : soulèvement massif des Mapuche. Combats intermittents mais incessants des Mapuche contre les colonisateurs jusqu’en 1818.

1557 : l’Espagne prend officiellement possession du territoire chilien.

1810 - 1818 : conquête de l’indépendance officiellement proclamée le 12 février 1818.

1818 - 1823 : Bernardo O’Higgins dirige le pays en dictateur. 
A partir de 1823 : période de dictatures et d’agitations politiques où alternent libéraux et conservateurs. Plusieurs fois, les libéraux échouent dans leurs tentatives pour renverser les conservateurs (1835, 1851 et 1859). Les diverses républiques se succèdent, avec des périodes de guerres civiles, d’alternance politique entre les conservateurs, les libéraux et les radicaux.

1861-1883 : "Pacification" (euphémisme pour occupation) de l’Araucanie : campagne militaire et de colonisation menée par l’État chilien pour mettre sous sa tutelle intégrale et définitive la portion de territoire sise entre les fleuves Biobío au nord et Toltén au sud, correspondant aux terres ancestrales du peuple mapuche (des dizaines de milliers de Mapuche décimé·es). Les Mapuche sont ensuite concentré·es dans des petites réserves nommées "réduciones".

1884 : annexion de territoires boliviens et péruviens suite à la Guerre du Pacifique (1879 – 1884).

1891 : défaite du président José Manuel Balmala et brève guerre civile.

1891 - 1925 : république parlementaire, qui dure jusqu’à la promulgation de la Constitution de 1925 instaurant une république présidentielle.

1920 - 1932 : période d’instabilité politique.

1938 : l’élection du candidat du Front populaire (radicaux, communistes et socialistes) Pedro Aguirre Cerda ouvre une période de réformes.

1949 : droit de vote accordé aux femmes.

1969 : fondation de l’Unité populaire (UP), alliance des socialistes, communistes, radicaux et sociaux-démocrates, qui désigne Salvador Allende comme candidat à l’élection présidentielle avec un programme autour du thème des nationalisations et de l’indépendance du pays vis-à-vis des capitaux étrangers.

1970, 24 octobre : élection au second tour de Salvador "chicho" Allende Gossens à la présidence de la république.

1971 – 1972 : Allende met en application les promesses faites pendant sa campagne : nationalisation d’une part importante de l’économie (les mines, les banques étrangères et les entreprises monopolistiques), redistribution des revenus, réforme agraire. Violente contestation de la droite : attaques de paysans par les bandes armées des propriétaires, manifestations appuyées par les organisations fascistes, grève des camionneurs et des professions libérales qui bloque le pays (octobre 1972). L’opposition est soutenue par les États-Unis qui instaurent un blocus financier.
Le poète Pablo Neruda reçoit le prix Nobel de littérature (21 octobre 1971).

1973, 11 septembre : coup d’État militaire provoquant le suicide de Salvador Allende.

1973 - 1990 : dictature sanglante de 17 ans avec au pouvoir le général Augusto Pinochet Ugarte, chef de la junte militaire qui s’autoproclame président.
1988 : défaite de Pinochet au référendum portant sur son maintien au pouvoir (victoire du non avec 56 %) qui ouvre une période de transition - la transition pactée - et permet la fin de la dictature militaire et le retour de la démocratie.

1990 : l’élection de Patricio Aylwin Azócar (jusqu’en 1994), représentant de la Concertation des partis politiques de gauche et centre gauche, marque le retour à la démocratie.

2006
11 mars : élection à la présidence de Michelle Bachelet Jeria (PS), première femme à être élue au suffrage universel d’un pays d’Amérique Latine.
mai : mouvement de protestations lycéens exigeant plusieurs mesures et réformes pour améliorer la qualité de l’éducation, mouvement dénommé « révolution des manchots » (Revolución de los pingüinos ou revolución pingüina).
 
2010, 11 mars : l’élection de Sebastián Piñera Echenique (Renovacion Nacional), symbole de la droite moderne, met fin aux 17 ans de présidence de la Concertation et marque l’alternance politique avec le retour de la droite au pouvoir pour la première fois depuis la fin de la dictature.

2011, mai à septembre : énorme mouvement étudiant haut en couleur et violemment réprimé.

2012 : le mouvement lycéen et étudiant se poursuit : des milliers d’élèves, collégien·nes, étudiant·es et parents manifestent à Santiago le 28 août pour demander une réforme de l’éducation.

2013, décembre : élection à la présidence de Michelle Bachelet Jeria (PS) pour un deuxième mandat.

2014, 27 janvier : règlement du différend maritime entre le Chili et le Pérou. La Cour internationale de justice qui siège à La Haye permet au Pérou de récupérer 50 000 km² d’espace maritime disputé avec le Chili depuis la guerre du Pacifique, à la fin du 19e siècle.

2017
août : le Parlement chilien dépénalise partiellement l’interruption volontaire de grossesse avec la loi « ley tres causales » (« loi des trois cas »). Cette loi permet en théorie d’avorter dans trois situations : risque pour la vie de la femme, non-viabilité du fœtus et viol.
décembre : élection à la présidence de Sebastián Piñera Echenique (En avant le Chili, centre droit). Il a déjà dirigé le pays entre 2010 et 2014.

2018
mai : l’Église chilienne est ébranlée par une longue série de scandales d’abus sexuels entraînant la démission de l’archevêque de Santiago du Chili, le cardinal Ricardo Ezzati, accusé d’avoir couvert des prêtres pédophiles, et de 34 évêques chiliens impliqués dans ces scandales d’abus sexuels.
printemps : louvement #niunamenos (« pas une [femme] de moins ») : révolte étudiante contre le sexisme. Manifestations massives et occupation d’une vingtaine d’universités, dont l’Université catholique.
août : la Cour suprême du Chili ordonne la saisie des biens ayant appartenu à l’ex-dictateur Augusto Pinochet (1973-1990).
Le Chili devient le premier pays d’Amérique du Sud à interdire les sacs plastique.

2019
Février : la justice reconnaît que le général Pinochet est responsable de la mort de l’ancien président Frei Montalva. 37 ans après les faits, 6 personnes ont été condamnées pour l’empoisonnement de l’opposant pendant la dictature.
mars : la justice chilienne condamne pour la première fois l’Église chilienne à indemniser des victimes d’agressions sexuelles.
juillet : des milliers de personnes manifestent pour le droit à l’avortement car la loi actuelle, qui permet le recours à l’IVG dans trois situations seulement, est très mal appliquée du fait, notamment, de l’objection de conscience invoquée par de nombreux médecins.
février : le Chili inaugure dans le désert d’Atacama la première centrale solaire thermodynamique d’Amérique latine.
juin : le gouvernement chilien décide de fermer toutes ses centrales à charbon d’ici 2024.
automne : une crise sociale sans précédent secoue le pays et fait au moins 22 mort·es et plus de 2 000 blessé·es, dont des centaines victimes de lésions oculaires. La protestation, déclenchée le 18 octobre par une augmentation du prix du ticket de métro à Santiago, s’est vite étendue à des revendications plus larges.
En raison de ces troubles sociaux, le président chilien annule l’organisation de la COP25 prévue du 2 au 13 décembre 2019 à Santiago.
Afin de remédier à la crise, le Parlement convoque un référendum qui pourrait avoir lieu en avril 2020, pour remplacer la Constitution héritée de Pinochet.