Paraguay : les défis d’une jeune démocratie

Chronologie et histoire sur le Paraguay

, par CDATM

Histoire

En 1515, des conquérants espagnols venus des côtes de l’actuel Brésil découvrent le pays et rencontrent une population amérindienne semi-nomade, les Guaranis.

Parmi les faits anciens les plus marquants, on doit citer l’encadrement des Indiens Guaranis par les Jésuites. Les « réductions  » créées par ces missionnaires ont permis aux Guaranis de conserver une certaine autonomie au sein d’organisations originales dans lesquelles une partie de leur culture communautaire a été préservée et, de développer des activités agricoles et manufacturières.
Entre environ 1600 et 1750, ces réductions ont joué un rôle important pour protéger les Indiens des colons qui avaient l’intention de les faire travailler comme esclaves dans leurs exploitations. Ces réductions ont été amenées à s’armer pour se défendre contre les attaques répétées des colons espagnols ou portugais. Un autre mérite de ces organisations a été d’avoir participé à la conservation de la langue guaranie qui est actuellement parlée par plus de 50 % de la population paraguayenne qui est pourtant presque totalement métissée.
Le territoire couvert par les réductions a été rattaché à la vice-Royauté du Pérou. Après le départ des Jésuites, il a été inclus dans la vice-Royauté du Rio de la Plata créé en 1776, qui s’étendait au Paraguay, à l’Argentine, à la Bolivie et à l’Uruguay actuels. En 1811, Le Paraguay est devenu un Etat indépendant.

Les autres faits marquants de l’histoire du Paraguay sont les deux guerres, la guerre de 1865 à 1870 contre la Triple Alliance (Brésil, Argentine, Uruguay et avec le soutien du Royaume-Uni), et la guerre du Chaco de 1932 à 1935 contre la Bolivie. La première s’est traduite par une véritable extermination de la population paraguayenne (disparition entre plus des deux-tiers et la moitié de la population suivant les sources) et perte du quart de territoire au profit du Brésil et de l’Argentine. La seconde, une guerre moderne intéressant les compagnies pétrolières internationales, perdue par la Bolivie, meurtrière pour les belligérants (100 000 victimes de guerre et au moins autant de maladie, surtout parmi les Boliviens), a conforté le nationalisme paraguayen et accru le pouvoir des militaires.

Chronologie récente

1954-1989 : dictature du général Alfredo Stroessner, régime ayant une façade de démocratie, à travers un système parlementaire comportant des partis politiques et des élections régulières mais qui en fait, s’est maintenu grâce à la corruption, au moyen d’un contrôle étroit de la société dans son ensemble, d’une infiltration de l’appareil d’Etat par le parti colorado, d’une répression féroce de l’opposition (tortures, disparitions, exécutions et création d’un camp de concentration) et avec un soutien inconditionnel et des aides matérielles considérables des États-Unis durant la guerre froide.

1982 et 1989 : fin de la construction respectivement du barrage d’Itaipu (traité avec le Brésil) et du barrage de Yacyreta (traité avec l’Argentine).
Février 1989 : coup d’État du général Andrés Rodríguez Pedotti qui amorce la transition démocratique du pays en libéralisant tous les partis politiques, les radios et les journaux.
Mai 1989 : premières élections générales libres et retour d’exilés.

1991 : traité entre le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay qui consolide le Mercosur (Marché commun du cône Sud américain).

1992 : Constitution démocratique, le guarani déclaré langue officielle au même titre que l’espagnol.

1993 : Juan Carlos Wasmosy, candidat du parti Colorado, élu Président. Orientation libérale de l’économie et refus d’appliquer la réforme agraire (malgré la marche des paysans et une grève générale).

Avril 1996 : échec, grâce à un soulèvement populaire, du coup d’Etat fomenté par le général Lino Oviedo.

1998 : Raúl Cubas Grau, candidat du parti Colorado, élu Président. Le général Lino Oviedo condamné à 10 ans de prison pour le coup d’Etat de 1996, libéré par décret du Président.

1999 : le Président contraint à la démission suite à la révolte populaire déclenchée par l’assassinat du vice-Président attribué aux partisans de Cubas Grau et d’Oviedo. Le président du Sénat, Luis Ángel González Macchi, devient président par intérim.

2000 : soulèvement déclenché par un groupe de militaires, partisans du général Oviedo, maté par l’armée.

2002 : abandon du projet de privatisation d’entreprises publiques grâce à une mobilisation populaire qui paralyse le pays, en bloquant les routes principales.

2003 : Nicanor Duarte Frutos, candidat du parti Colorado, élu.
Mars 2007 : suite aux manifestations populaires, renonciation du Président à faire modifier la Constitution pour avoir le droit de briguer un second mandat.

Avril 2008 : à la tête de l’APC (Alliance patriotique pour le changement), une coalition électorale hétéroclite, l’ex-évêque Fernando Lugo Méndez, élu président de la République avec 40,8 % des suffrages devant Blanca Ovelar, la candidate du parti Colorado (31,6 % des voix). A noter en troisième position, le général Lino Oviedo qui, malgré son passé factieux, a obtenu le droit de se représenter.