Comprendre les migrations

Aujourd’hui le monde, les migrations

, par RTM

À l’époque actuelle, bien que l’on en parle beaucoup plus qu’avant, les migrations sont loin d’atteindre l’ampleur de celles des deux siècles précédents. En effet, les personnes résidant dans un autre pays que celui d’origine représentent moins de 3 % de la population mondiale (Organisation internationale des migrations, 2001). En Europe, les migrants représentent 2,2 % de la population, aux États-Unis 3 %, au Canada 6 %.

Bien que l’écrasante majorité de la population mondiale demeure sédentaire, on assiste à une mondialisation des courants migratoires : le nombre de pays et de régions de départ et d’accueil augmente sans cesse. Différents traits distinguent fortement les nouveaux flux migratoires des anciens, inscrivant résolument ceux-ci dans la mondialisation. Tout d’abord, les « couples migratoires » hérités de l’histoire coloniale et de relations privilégiées entre pays ont perdu de leur force : France - Algérie, Allemagne - Turquie, Royaume-Uni - pays du Commonwealth, etc. On assiste maintenant à une diversification croissante des zones de départ à destination de pays sans lien apparent avec les nouveaux venus : Iraniens en Suède, Roumains en Allemagne, Vietnamiens au Canada et en Australie, Bangla-Deshis au Japon, Maghrébins et Égyptiens dans les pays du Golfe ou en Libye.

Flux Sud-Sud

Les pays d’accueil occidentaux (Europe de l’Ouest, États-Unis, Canada, Australie et Japon) font l’objet de l’essentiel des analyses ; pourtant, plus de 60 % des migrants ne quittent pas l’hémisphère sud et les trois quarts des réfugiés s’installent dans des pays du tiers-monde, chez leurs voisins. Au Nord, l’asile se caractérise par une forte progression des flux vers les États-Unis, l’Allemagne, l’Autriche, la République tchèque, la France. Cinq pays d’accueil ont reçu 58 % du total des demandeurs d’asile au Nord : le Royaume-Uni, l’Allemagne, les États-Unis, les Pays-Bas et la Belgique en 2000, par ordre décroissant. Parmi les nouveaux pays d’accueil figurent l’Italie, la Grèce, l’Irlande, les pays d’Europe centrale et orientale et la Turquie. Les nouveaux venus sont des Afghans, des Irakiens, des ressortissants de l’ex-URSS, de l’ex-Yougoslavie, des Sri-Lankais, des Algériens, des Somaliens, des Sierra Léonais, des Congolais, des Colombiens.

Fuite des cerveaux

Des migrations nouvelles se profilent, assez éloignées de l’immigration de masse des travailleurs manuels et masculins qui partaient avec l’idée du retour. Ce sont désormais les migrations permanentes, aux fins d’emploi, qui contribuent le plus à la hausse des flux réguliers (notamment en Australie, au Canada et aux États-Unis ainsi qu’en Autriche, au Danemark, en Hongrie, en Irlande, en Italie, au Japon, au Luxembourg, en Suisse, au Royaume-Uni) parmi lesquelles les migrations hautement qualifiées ainsi que les migrations d’étudiants et de demandeurs d’asile.
Cela pose un problème important pour les pays d’origine qui perdent ainsi leurs cadres.

Rêve de Nord

Aujourd’hui, l’imaginaire migratoire de l’Eldorado occidental est à la source de bien des mobilités. Nombre de migrants du Sud sont attirés par des métropoles économiques et culturelles du "système monde". Les pays occidentaux ont alors tendance à fermer leurs frontières. Parallèlement, l’idée que les États ne peuvent pas indéfiniment empêcher la mobilité des hommes se répand. Un timide droit de migrer commence à être revendiqué dans les milieux associatifs. Malgré cela, le droit à quitter un pays, y compris le sien (affirmé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 - voir aussi la Charte Mondiale des Migrants www.cmmigrants.org), demeure fort peu respecté de par le monde tant les conditions d’entrée sont devenues difficiles.