Madagascar : La lente et difficile construction démocratique

Andry Rajoelina : la carrière politique fulgurante

, par CRIDEV

Né en 1974 à Andranarinivo, Andry Rajoelina est, comme son principal adversaire, issu de l’ethnie Merina. Fils d’un colonel, il commence sa carrière en tant que DJ, ce qui le rend très populaire parmi la jeunesse urbaine. En 1998, il crée sa société « Injet » spécialisée dans la communication et la publicité ; dont le succès lui vaut le titre d’homme d’affaire de l’année en 2001. Fin 2007, il achète la radio et chaîne de télévision Ravilana, qu’il rebaptise Viva. En décembre 2007, son parti « Tanora Gasy Vonona » remporte les élections municipales d’Antaraninivo avec une victoire écrasante (63% des voix). Dès lors, il devient chef de l’opposition face au parti présidentiel, son côté fonceur et son ascension fulgurante lui valent le surnom de « TGV ». En décembre 2008, sa chaîne de télévision est interdite suite à la diffusion du discours de Didier Ratsiraka, ancien président déchu ; il lance un ultimatum contre le gouvernement. Le mois suivant, il appelle à la grève générale contre une gestion du pouvoir autoritaire. Fin janvier, il demande la démission du chef de l’Etat, qui le destitue de son poste de maire. Le bras de fer est remporté par Andry TGV, lorsque l’armée se mutine et se rallie au maire déchu. A 34 ans, suite à un processus qualifié « d’anti-constitutionnel » par la communauté internationale, il devient président de la Haute Autorité de Transition. Le 18 mars, la Haute cour constitutionnelle reconnaît sa légitimité, alors que la constitution malgache stipule qu’il faut avoir 40 ans pour exercer les fonctions de chef d’Etat.

Le nouveau président est totalement désapprouvé par la communauté internationale ; face à son obstination et le refus de consensus avec les autres mouvances politiques, les acteurs internationaux affligent des sanctions au gouvernement. Elles ont des conséquences dramatiques pour la population malgache, ce qui augmente progressivement la contestation contre le président : le 20 mai 2010, de violents affrontements ont lieu entre le corps d’élite de la gendarmerie et les forces de sécurité de Rajoelina. Ce dernier accuse Marc Ravalomanana d’avoir orchestré la mutinerie depuis l’Afrique du Sud, sa terre d’exil.

Le 12 mars 2010, Andry Rajoelina déclare que sa seule préoccupation est de sortir l’île de la crise politique et qu’il ne se présentera pas aux élections présidentielles de novembre, dont le calendrier a été décidé individuellement par le gouvernement. Tout en saluant cette déclaration, la communauté internationale reste sceptique sur les ambitions d’Andry TGV ; qui en deux ans, est passé du statut de jeune entrepreneur en marketing à celui de chef d’Etat malgache.

Fin 2010 la Haute autorité de la transition (HAT) a entamé un processus de sortie de crise unilatéral, ce qui ne devrait pas améliorer la légitimité internationale d’Andry Rajoelina.